5223_soldats_afghanistan.jpgDix soldats sont tués dans une embuscade et tous les fondements qui portaient le destin de ces hommes vers cette issue fatale serait remis en cause !

Je ne me sens pas solidaire des reproches fait à l’armée sur le manque de formation supposé de ses jeunes militaires. Vingt ans c’est l’âge des performances physiques. Vite aguerries et affûtées par quelques longs mois (plus d’un an pour la plupart) d’entraînements commandos quotidiens. Je me sens plus gêné par les proches présumant de leur immaturité au combat. Je ne crois pas que leurs enfants en eut été heureux. Eux, plutôt fiers d’avoir intégrés un régiment d’élite, et de pouvoir partir, si vite, enfin, au « contact » comme on dit. Aussi dégoulinant de prêt à porter que soient les mots du discours de Sarkozy, j’ai préféré son hommage. Oui, une vie ne se mesure pas à sa durée mais à la façon dont on la mène. Et ceux-là, héros malgré eux, l’ont terminé ainsi. Ainsi est-il.

Je ne me sens pas solidaire non plus des reproches fait à l’armée quant à l’impréparation de cette reconnaissance elle-même. Oui, il y eut une embuscade. Non, on ne peut pas, à chaque mouvement, se préparer à une telle éventualité. Chaque moment d’une reconnaissance est un pari. On avance ? On s’arrête ? On sollicite une reconnaissance aérienne ? On jauge. Et l’ennemi en fait autant. C’est un poker menteur. Et quand on perd, on meurt. Non par incompétence, mais par construction : à la guerre, l’un meurt. Ou l’autre. Pas forcement le plus fort ou le plus intelligent. Sur l’instant, juste parfois le plus malin. Ou le plus chanceux.

Mais dois je me sentir solidaire de cette guerre ? Et pourquoi la guerre ? Pour défendre une certaine idée de la vie en société. Est ce justifié ? Mais qu’est ce qui est justifié ? La haine des talibans à notre égard trouve ces propres justifications dans des pans entiers de notre histoire n’ont nous n’avons pas à être fier. Sommes-nous responsables ? Oui, collectivement, peut-être pas trop individuellement. Que faire ? Se rappeler que la guerre n’est qu’un moyen au service d’une politique, que cette politique ne résulte que d’un rapport de force dont chacun est partie prenante. Que faire encore ? Ensemble, être plus intelligent et plus généreux. Et, soi-même, s’efforcer de soutenir avec cohérence de telles orientations, fussent-elle contraires à la maximalisation de son intérêt personnel.